"Turbo", "tournant", "accélération" : c'est ainsi que les proches d'Anne Hidalgo imagent l'étape marquée, lundi 23 septembre, par la présentation du programme de la candidate socialiste aux élections municipales. Il reste du temps – six mois d'ici au premier tour, le 23 mars 2014 – et la première adjointe de Bertrand Delanoë a déjà réglé les questions les plus épineuses de rivalité dans son camp. Son adversaire de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, en est loin. Mais "NKM"grimpe dans les sondages et offre la figure du renouveau. Il fallait donc accélérer, passer aux propositions concrètes et ne pas laisser poindre l'inquiétude.
Dans un huit-pages en couleurs, tiré dans un premier temps à 200 000 exemplaires, distribué toute la semaine et diffusé sur Internet, les Parisiens découvriront les dix "priorités" de la candidate du PS. Elles seront complétées fin octobre. Ce programme poursuit et amplifie le travail accompli depuis bientôt douze ans dans le rôle de numéro deux de Bertrand Delanoë : nulle rupture, et encore moins de droit d'inventaire dans cette feuille de route. "Ma marque de fabrique, revendique cependant Mme Hidalgo, c'est celle du temps. J'ai beaucoup appris des Parisiens, de leurs besoins. Ce programme a été élaboré de façon collaborative, avec le concours de 2 000 personnes, depuis octobre 2012."
Elle connaît bien ses dossiers. Il est moins certain que les Parisiens connaissent celle qui aspire à devenir la première Française maire d'une métropole d'échelle mondiale, enrichie du Grand Paris. L'ancienne inspectrice du travail, 54 ans, fille d'immigrés espagnols, explique d'ailleurs son parcours sur une page et confie être "née une deuxième fois à Paris".
Le problème "numéro un" ? Le logement. Elle ne sera pas démentie sur ce point. La candidate promet de créer 10 000 logements par an jusqu'en 2020, en ciblant son action sur les jeunes actifs et les classes moyennes. Mme Hidalgo a rencontré les acteurs de l'immobilier en avril et doit les revoir en octobre, afin d'ouvrir, très vite, une structure d'économie mixte baptisée "Multiloc". Cette agence s'engagera auprès des propriétaires qui craignent les impayés ou qui hésitent à assumer les frais d'une rénovation. En contrepartie, ils devront accepter des prix légèrement inférieurs à ceux du marché. La première adjointe espère ainsi réduire le nombre de logements vacants.
Elle reprend aussi l'objectif de la loi Duflot – 25 % de logements sociaux en 2025 – et celui des communistes – 30% en 2030 –, incluant le Grand Paris. "La droite a été contre tous les projets de logements sociaux, assure-t-elle. Nous en avons créé 70 000, sans cela ce sont 200 000 personnes qui n'auraient pas pu rester dans Paris."
Autre aile de la majorité parisienne, les Verts devraient se satisfaire de l'objectif affiché sur le diesel, dont Mme Hidalgo entend diviser par deux la part dans le trafic. Ce sujet avait fait l'objet d'une vive polémique avec sa principale concurrente en juillet. Parmi les moyens envisagés, la suppression progressive de tous les bus au diesel émettant des particules fines, les plus dangereuses pour la santé, et leur remplacement par des bus électriques ou à induction. Les conversations seraient assez avancées avec la RATP, par l'intermédiaire du Syndicat des transports d'Ile-de-France (STIF), dans lequel la Ville de Paris est un partenaire important. La candidate socialiste propose également de recourir plus largement au tramway, roulant sur pneus et alimenté de station en station par un condensateur.
L'adjointe de M. Delanoë envisage de changer du tout au tout le système des livraisons dans Paris, en ayant recours au rail et à des camionnettes électriques pour la dernière partie du trajet intra-muros, en intensifiant la livraison fluviale par la Seine, en utilisant le RER pour le fret ou un sytème de "tramfret". C'est le sens de ses discussions avec le marché de Rungis.
Pour les transports individuels, la priorité est nettement donnée à la voiture électrique : "On pourra rouler dans les couloirs de bus avec une voiture électrique, et je donnerai la possibilité de les recharger gratuitement la nuit sur des bornes de la ville de Paris", révèle-t-elle. Mais cette proposition est encore en cours de chiffrage. La candidate reprend l'objectif de limiter la vitesse à 30 km/h sur certains axes, déjà inscrit dans le plan Delanoë en 2012, persuadée que l'on "ne va pas moins vite en roulant lentement : ce sont les coups d'accordéon qui créent l'encombrement".
Mme Hidalgo fonde aussi de grands espoirs sur les travaux de start-up qui visent à optimiser le stationnement en temps réel, y compris dans les parkings souterrains, en grande partie inoccupés – avec une politique tarifaire adaptée. Elle prévoit aussi de rétablir une file de bus et de taxis entre la capitale et Roissy-Charles-de-Gaulle – ce qui promet de ne pas être facile.
Le nombre de kilomètres de pistes cyclables sera doublé pour passer à 1 400 km, incluant une "grande boucle" autour de Paris. Si elle se montre opposée à l'idée d'un péage urbain, comme à Londres, Mme Hidalgo ne réfute pas l'idée d'une écotaxe pour les camions qui traversent l'agglomération. Et la candidate socialiste assure vouloir "tripler la part des énergies renouvelables d'ici dix ans".
En matière de transports en commun, l'actuelle adjointe à l'urbanisme et à l'architecture promet d'exiger l'extension de la ligne 10 du métro au-delà de la gare d'Austerlitz vers Ivry, et de créer des liaisons rapides entre les gares, par divers moyens plus ou moins futuristes : téléphérique entre la gare d'Austerlitz et la gare de Lyon au-dessus de la Seine, tramway à pneus, tapis roulant entre la gare du Nord et la gare de l'Est toutes proches, etc.
L'emploi reste un souci majeur : c'est sur le secteur de l'innovation et de l'économie numérique que l'élue parisienne entend miser en proposant un "Arc de l'innovation" autour de Paris. Environ 100 000 m2 d'incubateurs d'entreprises et de centres de télétravail viendraient s'ajouter aux 100 000 déjà construits. "On est devant Londres en matière de création de start-up et on ne va pas s'arrêter là", avance la première adjointe du maire de Paris. Mardi, Bertrand Delanoë présentera à la presse l'avancement du projet de la Halle Freyssinet, où 1 000 start-up devraient se côtoyer. Son ouverture est prévue en juin 2015. "On nourrira la dynamique du Grand Paris avec cette économie du futur", prévoit la candidate. "Google, Facebook, Twitter ont des sièges à Paris. Si l'on n'avait pas renoué avec la créativité, ces gens là ne seraient pas à Paris", observe-t-elle.
Chargée de l'égalité homme-femme et du "bureau des temps", cet étrange intitulé, dans la première mandature de M. Delanoë, Mme Hidalgo connaît bien la spécificité parisienne : femmes plus nombreuses, fort taux de natalité, pourcentage plus élevé de femmes qui travaillent. Elle promet de créer 5 000 places de crèche supplémentaires avec des horaires élargis, de diversifier les modes de garde et d'investir massivement dans les écoles et les collèges.
Le tout, sans augmenter les impôts ? A cette question ultra-sensible qui plombe la popularité de l'exécutif, la candidate socialiste à la mairie de Paris répond résolument non. "Ce n'est pas simple et naturel, admet-elle cependant. Mais nous avons fait beaucoup d'économies sur les frais de fonctionnement et nous gardons l'un des taux d'imposition les plus faibles de France, tout comme le taux d'endettement, 41 %, voisin de celui de Bordeaux."
Elle récuse la polémique lancée par son adversaire sur la fiscalité, qui a répété, dimanche, lors de l'émission "Tous politiques", que les impôts à Paris avaient augmenté de 40 % depuis 2001. "Mme Kosciusko-Morizet confond, ou fait semblant de confondre le taux d'imposition avec les recettes de l'impôt. Les recettes fiscales ont augmenté car nous avons gagné plus de 118 000 habitants en dix ans", dit la candidate socialiste, qui affiche sa sérénité. "Une municipale, c'est une épreuve de vérité et la campagne est longue. Les Parisiens ont l'habitude de décrypter", dit-elle. Celle qui est restée jusque-là dans l'ombre ne peut ignorer que le contexte national pèsera sur sa campagne. Mais elle veut croire que les Parisiens voteront sur un enjeu local pour lequel elle se sent la mieux placée.
Béatrice Gurrey
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