Monday, March 8, 2021

Déco Tendance Salon

Paris Match. On va enfin pouvoir dormir chez vous, Karl !
Karl Lagerfeld. Ne soyons pas ambigus, je ne fais pas chambres d’hôtes. Ici, c’est l’hôtel de Crillon. C’est bien plus ordonné que chez moi, où tout est encombré de livres, de papiers… On peut à peine entrer !

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Ces Grands Appartements, est-ce votre idée spirituelle du XVIIIe siècle versus le XXIe ? Votre petit Versailles ?
Exactement. Et c’est Paris en même temps. Le gris Trianon, le gris tourterelle : ça, c’est Paris ! Ce n’est pas le beigeasse et le rose de certains hôtels… A mon arrivée ici, j’étais encore à l’école, je m’asseyais sur la rambarde de la terrasse des Tuileries. Je regardais le Crillon avant d’aller retrouver ma petite suite d’hôtel de la rue de la Sorbonne et je me disais que j’aimerais habiter ici. C’est drôle, non ?

Manufacture royale, manufacture des Gobelins, vous avez convoqué tout le patrimoine vivant de France !
Ce n’est pas une reconstitution. C’est un endroit pour vivre et être bien, tout comme au XVIIIe siècle. Ils étaient à l’aise, même dans le plus grand luxe. Tout cela doit être traité comme si c’était du Ikea. Il faut avoir cette aisance avec les meubles.

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Vous avez utilisé des couleurs oubliées, comme ce rose extrêmement pâle dans la chambre.
Le rose de cuisse de nymphe émue. Vous aviez aussi la couleur puce, un gris violet… Ce sont des couleurs passées de mode. Depuis, les gens sont devenus pudibonds. Imaginez dire à une bourgeoise du XIXe siècle : “Comme votre salon couleur de cuisse de nymphe émue est joli !” Elle aurait trouvé cela obscène, ayant à peine connu cette couleur pour sa propre cuisse !

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Vous n’êtes pas français. Pourtant, vous êtes un fervent défenseur et ambassadeur de nos arts décoratifs.
C’est souvent beaucoup plus facile pour un étranger. Pour un Français, cela pourrait être teinté de patriotisme ou de nationalisme. J’ai la vision idéalisée et la distance que seuls les étrangers peuvent avoir. J’adore la France, mais je ne veux pas être français. Je ne suis ni français ni allemand, je suis européen.

Signe du destin, il y a trente ans vous avez acquis la maquette de l’hôtel de Crillon signée Jacques Ange Gabriel, l’architecte du roi. On lui doit également le Pavillon français à Versailles.
Cette partie de l’histoire de France, c’est comme si je l’avais vécue. Je pourrais faire guide à Versailles, avec les détails cocasses que les professionnels, d’habitude, n’osent pas dire. C’était une civilisation à son apogée, avant l’embourgeoisement et les bigoteries qui ont suivi. Bossuet, que j’aime beaucoup, a écrit pour l’oraison funèbre de la Palatine : “Elle vit le monde, elle en fut vue ; bientôt elle sentit qu’elle plaisait, il faut lui pardonner.” N’est-ce pas joliment dit ? Elle était très coquine dans sa jeunesse. Puis, ça a moins bien marché… Elle est devenue bigote. Connaissez-vous le comte Roger de Bussy-Rabutin ? Cousin de Mme de Sévigné, général des armées royales, il était libertin et membre de l’Académie française. Il a écrit “Histoire amoureuse des Gaules”, une charge contre Louis XIV et sa cour. Chassé, il s’est exilé dans son château. Avant de partir, il a fait faire le portrait de toutes les dames qu’il a connues. Bibliquement ou pas… Une belle galerie de beautés ! Avec une phrase sous chacun des tableaux, dont celle-ci sous le portrait de la marquise de Montglas, sa maîtresse : “Moins connue pour sa beauté que pour l’usage qu’elle en fit.” Voyez-vous, c’est là tout l’esprit que j’aime. Le côté moralisateur, pisse-vinaigre et hypocrite, je déteste !

J’aime la vision idéale de Versailles

Au XVIIIe siècle, qui auriez-vous été ?
J’aime la vision idéale de Versailles. Je ne veux pas trop en savoir sur l’hygiène de l’époque, les pots de chambre et le reste… La bassine et la chaise percée, non merci ! Et la chaleur en été, le froid en hiver… Quelle horreur ! Dix mille personnes vivaient dans le château. Les HLM, à côté, ce n’est rien !

Vous êtes ouvert à tous les courants artistiques, tous les vents de la mode. Est-ce votre côté baroque allemand qui vous a permis d’être aussi éclectique dans tout ce que vous faites ?
Peut-être, mais je ne sais pas ce que vous voulez dire par “baroque allemand”. Je suis si gros que ça ? J’aime faire. Faire pour faire, pas pour avoir fait. C’est pour ça qu’ici j’ai pu me défouler. Je n’étais pas obligé d’occuper les lieux et de les animer par la suite. C’est un extra, pas du quotidien.


N’est-ce pas une hérésie d’avoir toutes les difficultés du monde à faire construire en France des maisons contemporaines par de grands architectes ?
Ces maisons très modernes sont mieux en plein désert, au bord de la mer ou à Dubaï. Le haussmannien ne se marie pas bien avec Zaha Hadid ou Herzog & de Meuron. Regardez la tour Montparnasse : c’est une honte, ce bâtiment. Un vieux chicot. Elle a l’air d’une molaire restée dans une bouche édentée à la mémoire des autres dents !

Et la pyramide de Ieoh Ming Pei ?
Quel génie, ce Pei ! Agé de 100 ans, il continue à travailler. Je la trouve magnifique. M. Macron, votre pharaon, l’a bien compris. Je vais vous dire, moi, l’étranger : depuis qu’il est là, en à peine plus d’un mois la France est regardée autrement. Ce vent de fraîcheur, ça n’a pas de prix ! Un président et son épouse qui parlent un français impeccable, doublé d’un excellent vocabulaire. A l’étranger, depuis Brigitte Bardot, ce qu’il y a eu de plus populaire en France c’est Brigitte Macron. Les plus belles jambes de Paris !

Vous êtes un grand collectionneur, mais vous ne gardez pas. Pourquoi ?
Je suis un ancien collectionneur, qui a beaucoup possédé et beaucoup revendu. Pas pour faire de l’argent, mais par manque de place. Je ne garde pas grand-chose, à part les livres et ma collection de nappes et de draps anciens en lin. J’en suis fou ! C’est mon seul luxe, ou presque.

Vous avez conservé le mobilier de votre chambre d’enfant de Blankenese, où vous viviez avec vos parents.
Il est dans une pièce d’une maison où je n’ai jamais dormi et où personne ne met les pieds. J’ai gardé toutes les vieilleries auxquelles je tiens. Ce n’est ni du freudisme, ni du passéisme lourdingue, ni le boulet de mon enfance. En 2009, l’époque où vous avez beaucoup maigri, vous passez d’une décoration intérieure XVIIIe à un appartement ultra contemporain de huit pièces que vous avez réduit à une seule. Un changement radical. “Another Spring, Another Love”, comme chantait Marlene Dietrich. Ce style XVIIIe, j’avais l’impression que c’était le truc parfait pour vieillir gentiment dedans. Il faut changer, dans la vie. Se donner des coups de pied dans le derrière. Aujourd’hui, je vis dans une “boîte” en verre dépoli. Avec Choupette et mes livres. Personne ne vient. Les gens, je les vois ailleurs.

Un chez-vous jonché de livres. Comment vous y retrouvez-vous ?
C’est un mystère dont je ne connais pas le secret. Je prévois deux jours, au mois de juillet, pour faire le ménage à fond. Je range mes propres livres, sinon je ne les retrouve pas. Il n’y a que moi pour savoir où ils sont.

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Vous aimez aussi la musique. Jouez-vous vous-même d’un instrument ?
Je ne suis pas du tout musicien, ce que je regrette le plus au monde. Je pourrais tordre le cou à tous les gens qui sont doués au piano. Ma mère jouait dans un quatuor. Je voulais apprendre le piano, mais elle m’a rabattu le couvercle du clavier sur les doigts ! “Dessine, ça fera moins de bruit”, m’a-t-elle dit. Je m’en souviens comme si c’était hier.

Tout ce que vous savez, vous l’avez appris tout seul. Un homme hors normes.
“Normal” ne fait pas partie de mon langage. Je suis comme je suis. Je ne veux pas faire preuve de prétention, mais la personnalité de quelqu’un, c’est quand s’arrête la comparaison. En bien ou en mal. Je n’ai jamais passé le bac, jamais fait d’études d’art. C’est très amoral, j’ai tout appris sur le tas. Je suis la personne la plus improvisée de la terre. Entièrement bidon ! Un électron libre. Et ça marche très bien.

Votre conception de l’art de vivre ?
Ma vie personnelle est entièrement bouffée par ma vie professionnelle. L’art de vivre, pour moi, c’est d’abord une nourriture parfaite. Et changer tous les jours de draps et de chemise de nuit...

Voyagez-vous toujours avec vos valises en double, au cas où elles se perdraient ?
Je préfère rentrer le soir, c’est l’avantage des avions privés. Je suis un honnête homme, je ne découche pas ! C’est à cause de Choupette, aussi. Quand je voyage, je ne me déplace jamais sans elle. Elle adore Rome et New York.

Comment travaillez-vous avec vos équipes ?
Je suis gentil avec tout le monde y compris avec moi-même. Chez Chanel et Fendi, je fais tous les dessins. Chez Karl Lagerfeld, c’est différent. Le thème, c’est moi. Je ne peux pas m’interpréter.

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Vous dites ne jamais regarder en arrière, mais le passé vous inspire.
Ma devise, c’est la phrase de Goethe : “Faire un meilleur avenir avec les ­éléments élargis du passé.” Tout est là.

Déco Tendance Salon - Le bois légèrement doré comme le chêne, les fibres végétales tressées insufflent facilement une ambiance bohème dans le coin nuit. Une touche florale apportée par des textiles est également bienvenue pour réussir la mise en scène. Un style déco idéal pour répondre aux envies de dépaysement. Choisir la décoration d'une chambre d'adulte, c'est choisir des couleurs, des matériaux et surtout, une ambiance avec les bons objets déco. Linge de lit, luminaires, couette et coussins, rideaux et tapis, tous les accessoires de la chambre à coucher participent à son atmosphère. Faites le plein d'idées déco pour votre chambre avec une sélection de 30 exemples de jolies chambres. Les tendances déco 7 à embrasser en prévision de la nouvelle


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